J’ai déjà été une petite personne pleine de surprises : entre 2010 et 2017, je dois avoir déménagé une dizaine de fois, sur un coup de tête, et sans stresser plus qu’il ne le faut. Je changeais d’emploi dès que j’étais inconfortable, en sautant sans filet, causant la perplexité chez mes proches. Avec le temps, je me suis « assagie », mais parfois, je me demande si c’était vraiment pour le mieux ?
Ces dernières années, je suis restée au sein d’emplois qui m’ont poussée jusqu’au burn-out, et ce, deux fois plutôt qu’une, et j’ai tout donné pour persévérer au lieu de suivre mon instinct qui me disait de fuir au plus vite. Je me disais que c’était ÇA, être adulte : garder une job pour la paye raisonnable et les assurances, la stabilité et la ligne sur le C.V. Résultat : j’ai gardé des séquelles de ces expériences de travail.
Avant de rencontrer mon conjoint actuel (après deux ans de célibat intensif qui m’ont fait le plus grand bien), après des années de « vagabondage romantique », je me lançais tête première dans des relations « sérieuses » que je savais vouées à l’échec parce que je cherchais toujours cette sacro-sainte stabilité, je refoulais même mon désir de ne pas vouloir d’enfants pour plaire. Je cachais les aspects de moi que je croyais être des « défauts » et je jouais le rôle que l’on voulait que je joue. Malléable petite poupée qui dit oui. Résultat : j’ai entretenu des relations toxiques ou des relations juste inappropriées pour moi.
En ce moment, trois semaines avant mon déménagement forcé post-éviction, je ne comprends pas ce qui fait que je résiste autant à ce changement. Est-ce que c’est parce que ce n’est pas moi qui en ai pris l’initiative et qu’il m’est imposé ? Ou bien est-ce que la réponse est plus complexe que ça ? Pourquoi est-ce que je suis passée d’une fan des transformations à quelqu’un qui a aussi peur du changement ?
Au téléphone, hier, ma mère me disait que j’ai besoin de « lâcher du lest ». Mon perfectionnisme maladif (mes mots, pas les siens) me cause une pression intense et constante : besoin de suivre mes valeurs à la lettre, que tout soit fait à la perfection, nécessité de bien paraître, de contrôler les moindres aspects de ma vie… et je veux bien croire que c’est aligné avec mon signe astro (je suis Vierge), mais my goddess que c’est lourd !
Je m’auto-mets au défi d’apprendre à lâcher prise.
Mon déménagement ne sera PAS parfait. Je VAIS oublier certaines choses. Et non, mon nouveau chez-moi ne sera pas terminé et organisé à mon goût en moins de 12 heures.
Mais c’est correct.
Je n’en mourrai pas.
Pour les mois à venir, je me visualise heureuse, plus spontanée.
Je veux me faire des ami·es dans mon futur village, sortir plus souvent de ma coquille, aller au karaoké, prendre des bains de minuit dans des lacs cachés, apprendre de nouvelles choses : maîtriser un nouvel art, peut-être, ou connaître l’herboristerie, je sais pas.
Ces temps-ci, les mots « changement de paradigme » m’apparaissent souvent en pensée, lors de mes méditations. Et je veux embrasser ça à fond.
Retour sur mon défi « un an sans maquillage »
J’en avais parlé ici; suite à une publication de Vanessa Pilon, j’avais décidé d’essayer d’arrêter de me maquiller complètement pendant un an. Et bien, cher·ères ami·es, j’aurai toughé un gros mois et quelques jours, malgré toute ma volonté (et mes précieuses valeurs).
Je vis présentement un épisode dépressif, et de me voir blême et cernée chaque jour dans le miroir n’aidait en rien mon moral en chute libre. C’est superficiel, oui, mais de prendre un cinq minutes pour me pomponner m’aide à me sentir un peu mieux dans ma peau, et en ce moment, j’en ai particulièrement besoin. Je n’ai pas l’énergie de me maquiller quotidiennement, mais les jours où j’ai la force de sortir (comme cette semaine pour la fête de mon partenaire), ça me fait du bien de me grimer la face un brin.
Voici les résolutions que j’ai prises suite à ce défi avorté :
Je ne me maquillerai que quand ça me tente foncièrement et réellement, pour me plaire à moi et non aux autres;
Lorsque le temps sera venu de me racheter des produits, j’opterai (dans la mesure du possible) pour des compagnies woman-owned et des produits zéro déchet et naturels, sans parfum (pour ma pauvre peau sensible).
Et toi ? À propos de quoi as-tu réussi à lâcher prise récemment ?
Lâcher du lest, c’est permettre à ton ballon de s’envoler, de survoler le monde, de prendre de la distance face à s(t)es problèmes, de se détacher du lourd, de ce qui pèse, de ce qui t’entrave, de te laisser flotter au-dessus pour mieux respirer qu’avec le nez toujours collé au tapis à essayer d’en distinguer en vain les motifs. Que la légèreté soit tienne!
Bonjour Ariane,
De nos jours nos esprits sont habités par l'idéologie bourgeoise qui nous suinte par tous les pores de peau et qui contamine les personnes qui veulent changer cette société agonisante.
Pour l'esprit bourgeois, toute la souffrance que vit un être humain est entièrement de sa responsabilité. C'est comme ça qu'il peut ensuite justifier le droit d'exploiter «plus paresseux que soi».
Les damnés de la Terre en arrivent donc à s'auto-flageller en se disant qu’ils sont des marchandises défectueuses.
«There is no such thing as a society» disait Thatcher.
Jamais un bourgeois ne veut qu'on pointe du doigt les causes structurelles qui mènent à tant de souffrance et.. à un printemps hâtif au mois de février… Questionner l’origine de nos maux c’est arriver inévitablement à se battre contre l’exploitation de l’humain et de la nature qui profite à la classe capitaliste.
Or pourquoi es-tu mal à l'aise avec ton «déménagement»? Possiblement parce que tu te fais évincer par la force de ton logis qui ne t'appartient pas et qui ne t'appartiendras probablement jamais dans le cadre actuel du capitalisme tardif. Tout ceci cause de l'insécurité, de la précarité et des sentiments malsains et c'est normal, il n'y a pas à avoir honte de ça.
Un capitaliste affirme qu'il est «naturel» que d'autres humains possèdent la maison d'un autre et puissent les évincer comme bon leur semble afin de protéger ses intérêts pécuniers. Ce n’est pas naturel au sens d'immuable et éternel. Tout ça repose sur des structures créées par et pour une classe minoritaire.
Ces êtres cyniques ensuite nous disent qu'ils sont les «forts» et qu'ils ont droit de se nourrir du sang et de la sueur des «faibles». Ce qui nous rend souvent si faibles est précisément du au fait qu'une couche minoritaire de parasites nous sucent notre vie afin de s'engraisser et de vivre de manière oisive en faisant travailler d'autres à leur place.
Se faire vider graduellement de sa force vitale cause des dommages réels au corps et donc à l'esprit.
Pourquoi as-tu conservé un job de merde qui te détruisait le corps et la psychée? Notamment parce qu'à peu près tous les jobs salariés sont merdiques parce que jobs salariés, mais qu'on est obligé de vendre notre force de travail à des êtres occupant des fonctions inutiles (les capitalistes) pour avoir un toit et de la nourriture.
Les personnes qui te suggèrent de prendre tout ça comme une «expérience de vie enrichissante», comme une occasion pour un «nouveau départ», qui insinuent que tu es défaillante et qui jamais ne questionne l'ordre social actuel qui fabrique la misère industriellement... je te conseille de questionner leur discours (et de questionner quels intérêts elles défendent).
Finalement je dirais, oui la spontanéité est à encouragée, mais elle ne doit pas devenir un mot d’ordre absolu. Il faut aussi rationaliser et étudier l’origine de nos problèmes et ensuite s’organiser concrètement pour enrayer le mal à sa source qui trouve son origine dans le monde matériel.