Si vous avez suivi ce blogue les derniers mois, vous savez que j’avais supprimé mes comptes Instagram et Facebook, et que j’en avais rapidement vu les bénéfices. Malheureusement, j’ai fait une rechute, et je suis rapidement retombée dans le tourbillon qui m’aspirait depuis des années.
Je suis collaboratrice dans une friperie locale depuis près de deux mois : j’y possède un coin où vendre mes trouvailles, et j’y travaille deux jours par semaine. Vous voyez où je veux en venir ? Je voulais trouver un moyen simple et gratuit de faire de la publicité pour ce petit projet, et j’ai d’abord ouvert un compte TiKToK. Je me suis rapidement souvenu de la facilité que j’avais à créer des vidéos, à prendre des photos et à avoir des idées de contenu. J’ai donc ouvert un compte Instagram au nom de mon projet de friperie, en me mettant d’abord des limites : je ne serais sur ces deux réseaux que pendant mes shifts à la fripe, j’y tournerais mon contenu et le diffuserais pendant ces heures seulement.
Je me suis rapidement trouvé des excuses pour contourner ces règles auto-imposées : l’éclairage naturel chez moi était meilleur pour prendre des photos et des vidéos que celui de la friperie / je devais pouvoir répondre aux messages et commentaires de potentiel·les client·es, etc. Et j’ai vite sombré dans le même problème de dépendance (car c’en est une) : je doomscrolle jusqu’à tard, n’importe où et n’importe quand, je ne suis plus présente à 100% lors de mes échanges « en personne », je commence et je termine ma journée sur mon cellulaire.
Ça me fait PEUR à quel point j’ai vite fait une rechute et avec quelle intensité. Et le pire, c’est qu’hormis le boost de dopamine généré par les applis, je n’en retire RIEN : aucun plaisir, et presqu’aucune vente supplémentaire. Je me console en me disant que cette fois, je me suis rapidement rendu compte de ce que je faisais et des impacts instantanés que ça a sur ma vie.
Qu’est-ce que ça dit à mon sujet, que j’aie plus de difficultés à délaisser les réseaux sociaux qu’à arrêter de boire de l’alcool ou de manger de la viande ? Il faut que j’admette qu’il s’agit d’une dépendance grave, car ses effets sur moi sont déplorables : anxiété, baisse de la vision, insomnie accrue, j’en ai même parfois mal aux mains à force de tenir cette petite brique plate qu’est mon cellulaire, et j’ai honte de le dire. Mais si on ne brise pas ce stigma, si on continue à nier que c’est une dépendance et que ça doit être traité, si on s’enfonce dans le cliché comme quoi un téléphone intelligent est un objet utile voire essentiel et non dangereux, je pense que plusieurs en souffriront. Comme moi.
Je ne sais pas pour vous, mais PERSONNE dans mon entourage n’admet avoir un problème avec ça et même lorsque confrontés, les gens le nient, tournent le tout à la blague ou tombent dans l’énumération des choses « utiles » permises par leur appareil téléphonique. Il serait temps que la lumière soit faite sur l’aliénation permanente permise par ces rectangles lumineux insidieusement introduits partout dans nos vies. Quand avons-nous accepté que ceux-ci soient à la base de toutes nos communications, de toutes nos transactions, que nos informations bancaires et personnelles ne transitent que via ce satané téléphone supposément intelligent ?
Je sais que je sonne réac’, mais je suis fatiguée de porter des oeillères et de faire semblant que tout ça est normal. Je me rends compte que je ne veux pas que ma vie ressemble à ça : les mains vissées sur mon téléphone à ne pas être pleinement présente. L’été arrive, j’ai envie de jouer dans la terre, de combler mes rétines d’images de nature, pas de faire défiler des fils d’images impertinentes ou anxiogènes à l’infini.
Et vous ?
Je partage tellement ton avis !!!
Souvent je l'observe avec objectivité et j'observe les gens autour de moi et je me dis "qu'est-ce que Meta a fait de nous ?". Et j'ai peur, et un peu de peine aussi. Et de la colère, et de la honte...
Je marche dans la rue, et je vois les gens rivés sur leur téléphone. Je patiente à la caisse du magasin, ça scroll devant et derrière moi.
C'est constant. Omnipressant.
J'ai honte de nous.
Et pour autant, que c'est dur de s'en détacher.
Je regarde ma fille de 10 mois et j'ai envie qu'elle profite de la vie, qu'elle joue, qu'elle soit curieuse et ouverte sur le monde et sur les autres. Et pas quelle se fasse lessiver le cerveau par des reels ou des tiktok..
Alors, que doit-on faire ?
Je rêve d'un big bang numérique où nous serions contraints de faire autrement. De ne plus avoir accès à ces technologies.
En attendant, l'effort doit venir de nous. Uniquement de notre volonté. Une volonté qui doit, en plus, aller à contre-courant de ce qui se fait.
Je me suis achetée un dumbphone. Ça a duré 1 mois parce que notre société est fondée autour du numérique. Tout est numérique. Tout.
Ça fait plusieurs années que je m'en suis aussi rendu compte, et des années que je navigue entre pauses et rechutes. Dans l'absolu, c'est qqc que j'accepte et je t'encourage aussi à être indulgente avec toi-même; si tu réussis à éviter cette dépendance la plupart du temps, c'est déjà une réussite.
Mais je vois aussi très bien la détresse et le remords qu'on ressent quand on sort d'un "binge" ou de plusieurs jours d'aliénation, et qu'on a l'impression vertigineuse d'avoir perdu le contrôle sur sa vie.