Suite à la publication de mon texte au sujet de mes réticences à voyager et à la lecture des nombreux commentaires que celui-ci a suscités, j’ai beaucoup réfléchi. Un des arguments récurrent en faveur du voyage était celui d’avoir besoin de briser la routine. C’est quelque chose auquel je ne peux vraiment pas m’identifier, étant moi-même une amoureuse PASSIONNÉE de la routine (merci, cerveau neuroatypique).
Quand je parle de routine, je ne parle pas des routines de soins pour la peau en 16 étapes que l’on peut visionner sur YouTube ou TiKToK, ni des horaires stricts auto-imposés bourrés de cases à cocher des gens qui sont SI FIERS de se lever à 4h00 pour être ENCORE PLUS productifs. Non. Mon idée de la routine n’a rien de productif ou de rentable. C’est plutôt quelque chose de rassurant, de confortable et d’apaisant. Je me dis parfois que je m’épanouirais probablement dans un cadre religieux du genre moniale bouddhiste, où rien dans mon horaire ne serait laissé au hasard et où tout aurait un but. Bref, je me demande depuis quand il est vu comme ennuyant d’avoir une vie confortable, tout simplement, sans excès ni gros peak d’adrénaline ?
Ma routine est constituée de plein de petits moments choisis, comme des Polaroïd du quotidien. Mon café le matin, ma tisane du soir. Le temps que je prends pour lire avant de dormir. Celui que je prends pour écrire les matins de fins de semaine. Le maquillage rapide que j’exécute après avoir religieusement appliqué mon écran solaire. Les plantes que j’arrose les mardis. Les soupers que je prends avec mon amoureux en prenant le temps de se raconter nos journées. Les conversations que nous avons sur l’oreiller le soir venu. La randonnée que nous faisons par beau temps le samedi ou le dimanche. Ces instantanés mis bout à bout forment une courtepointe de routine rassurante qui me ressemble.
Je n’ai pas toujours été comme ça. Quand je venais d’atteindre la majorité, j’étais certaine qu’une vie intéressante se passait de routine. Je courrais les shows (je faisais de la radio) parfois plusieurs soirs par semaine, et même occasionnellement plusieurs shows par soir, je me couchais à n’importe quelle heure (souvent quand les oiseaux chantaient déjà) et me levais tard. Je m’alimentais comme je pouvais quand je pouvais, c’est-à-dire souvent mal. Je buvais comme Bukowski avec un frame frêle d’adulescente.
Est-ce que j’étais heureuse ? La réponse est complexe. Disons que je vivais de GROS MOMENTS d’euphorie, mais que j’étais constamment dans la fuite vers l’avant, pour être bien certaine de ne pas trop m’arrêter pour réfléchir. Aussitôt que je ralentissais, mon humeur crashait de façon dramatique.
J’ai vécu plusieurs années plus ou moins comme ça, et je pense que c’est normal, quand on est jeunes et que l’on découvre LA GRAND’VILLE, d’écumer les bars et de collectionner les fausses amitiés. Je ne regrette pas d’avoir vécu ce que j’ai vécu, et je ne ferais rien autrement. Seulement, j’ai appris à mieux me connaître, je crois, et à identifier ce qui me faisait plus de mal que de bien.
Reste-t-il de la place dans mon quotidien pour un peu de spontanéité, un brin de folie ? Bien sûr que si. Cela prend simplement d’autres formes que dans mon passé. Je peux, par exemple, sortir du cinéma et décider subitement que je ne veux pas que la soirée se termine, et atterrir dans un karaoké pour célébrer l’anniversaire d’un ami que je n’ai pas vu depuis dix ans. Le tout, sobre et sans subir l’anxiété générée par un lendemain de veille en me réveillant.
Je pense que la différence, outre la consommation d’alcool, est là : je ne me FORCE plus à vivre sans routine. Je brise la routine sous l’impulsion du moment, lorsque j’en ai VRAIMENT envie, et pour faire des choses que j’aime RÉELLEMENT, au lieu de centrer mon mode de vie entier sur l’absence de routine et finir par ressembler à des gens que j’idolâtre pour les mauvaises raisons (les artistes sans port d’attache, préférablement avec un problème de consommation).
Ce que je remarque, je pense, c’est qu’en vieillissant, j’arrête de vouloir à tout prix être quelqu’un d’autre que moi, et je trouve ça beau.
#teamroutine ici aussi (sinon allô l'anxiété) et pendant longtemps j'avais «peur» d'exposer ma vie sur internet parce que je me disais que les gens trouveraient ça plaaaattee. Au contraire! Je reçois beaucoup de message de personnes qui me disent que c'est apaisant, même inspirant pour elleux et que ça les aide à ralentir, mieux choisir leurs activités, etc.