Le syndrome de l'élève parfait·e
Souffrir d'un perfectionnisme dégueulasse et contre-productif.
Cette semaine, j’ai consulté d’urgence en optométrie, pour un problème qui s’est avéré d’une toute autre nature que celle que j’anticipais (je pensais faire de la pression dans mes globes oculaires; finalement, ce sont mes sinus qui sont bloqués). Pour ce faire, j’ai quand même passé un examen de la vue complet, parce que j’étais due. Une chose que vous devez savoir à mon sujet; mes yeux bleus sont l’objet de mon anatomie qui me vaut le plus de compliments. Mais qui dit avoir des yeux bleus dit avoir des yeux ultra-sensibles et souvent, une mauvaise vision et une tendance à différentes tares. (Comme quoi les Aryens ne sont PAS la « race » supérieure, han…) En plus de ma myopie, je fais suis astigmate et j’ai un oeil paresseux. Je porte des lunettes avec des foyers depuis que j’ai quatre ans. Très glamour, je sais.
Bref, dans le bureau de cette nouvelle optométriste (déménagement dans les Laurentides oblige), je me sens comme une mauvaise élève. Je n’arrive pas, sur la petite carte où des symboles sont sensés flotter en 3D, à dépasser le deuxième schéma sur, genre, 12. J’en suis incapable. Je bloque. Je sens mes joues rougir de honte, comme si c’était de MA faute si j’échouais lamentablement. Comme si j’avais pu prévenir ça en étudiant ou en mémorisant. Même chose avec le lettrage sur le mur; je ne vois rien, et je sens mon pouls s’accélérer. Je me « plante » encore royalement à ces tests de vision que je passe depuis plus de trente ans, et dans ma tête, c’est inacceptable.
Pourtant, à la fin de mon examen, l’optométriste me révèle que ma vue n’a pas baissée depuis deux ans, que tout semble correct à ce niveau-là, mais que je devrai passer d’autres tests pour éclaircir une question de taches au fond de mes yeux, captées par photographie. Bon, je sais, le sujet de mes examens visuels n’en est pas un très fascinant, alors j’arrive là où je veux en venir.
J’ai toujours voulu être une bonne élève, avoir de bons résultats, démontrer que je COMPRENDS, que je suis intelligente. Jusqu’à l’université, ça n’a pas vraiment été un problème, car tout ça me venait assez naturellement. J’excellais dans presque toutes les matières en fournissant des efforts minimes. J’ai fait mon cégep en deux ans les doigts dans le nez. Mais QUEL MUR me suis-je pris en pleine face lors de ma première année d’études universitaire. J’avais 18 ans, me considérais comme relativement brillante, et je suivais des cours dans lesquels je n’étais même pas capable de prendre des notes tellement le charabia qui sortait de la bouche du prof me semblait être dans une autre langue (surtout dans le cours de Logique du volet Philo de l’UdeM; j’en fais encore occasionnellement des cauchemars).
Cette année-là, j’ai sombré dans une dépression (sans savoir mettre des mots dessus sur le coup). Je me sentais comme une moins que rien. Je n’étais pas à ma place, et c’était clair. Et surtout, je ne savais pas comment me sortir la tête de l’eau. Alors j’ai comme décroché. Je faisais semblant d’aller à mes cours, mais je restais dans un wagon de la ligne orange pour des allers et des retours dans les souterrains montréalais. Ou bien j’allais à la bibliothèque lire des heures durant sur des sujets qui me fascinaient…mais qui n’étaient même pas à mon programme. Heureusement, l’année d’après, je changeais de programme et d’université et tout se replaçait, mais quand je repense à cette année-là, je la vois comme un très long cauchemar glauque : je ne savais pas à quoi je « servais » si je n’étais pas bonne à l’école.
Ce syndrome de la bonne élève me colle encore à la peau aujourd’hui, même dans les situations les plus absurdes (tel que démontré plus haut). Je dois être EXCELLENTE dans tout ce que j’entreprends, et DÈS que je l’entreprends, sinon, je sombre dans la déprime. Je me mets moi-même des bâtons dans les roues. C’est le cas quand j’essaie d’écrire des livres. Si je ne suis pas frappée par l’inspiration « divine » et que tout ne sort pas de moi d’une traite, comme par magie, c’est que ça ne mérite pas d’être écrit. Ce qui m’a coûté plus d’une belle opportunité.
J’essaierai de travailler là-dessus, cet indécrottable perfectionnisme qui me pollue la vie, tant dans ma vie personnelle que professionnelle. Je prends donc TOUS les trucs que vous connaissez en la matière, merci bien !
Oldest daughter syndrom 🤝 nous
Il n’y a que les imbéciles finis qui ne doutent jamais d’eux-mêmes. L’intelligence de ceux qui atteignent des sommets est trop souvent inversement proportionnelle à leurs succès, il n’y a qu’à penser à Trump presque réélu… Alors? On ne t’en demande pas autant que la présidence des États Unis, mais de croire en toi au moins un peu? Du moins au moins autant que certains qui se permettent critiques et commentaires plus ou moins subtils, pseudo-philosophico-psychologiques en métaphores grotesques truffées de fautes? Parce qu’avec TON talent pour l’écriture, même une transcription adaptée par toi d’une recette de Ricardo deviendrait une oeuvre digne de mention. Faque écris donc ce que tu veux comme tu veux et surtout fais-toi confiance comme à n’importe qui (Duras l’a dit). ;)