Du plus loin que je me souvienne, j’ai rêvé d’habiter dans une mini-maison. Quand j’étais enfant, j’avais demandé une tente pour Noël… pas pour faire du camping, mais pour l’emménager à même le sous-sol de la maison familiale, comme une maison dans la maison. On avait bien une petite cabane d’enfants sur le terrain, mais comme les araignées s’y étaient installées avec plusieurs générations de leur descendance, disons que je la trouvais moins invitante…
Bien avant que ça ne soit tendance, j’ai vécu de manière minimaliste pendant quelques années, en habitant dans un mini-studio, puis dans un deux et demi de Montréal. On pouvait pratiquement effectuer mes déménagements avec une petite voiture (c’était avant que je ne possède mes propres électros et meubles, et que je louais des logements déjà équipés).
Aujourd’hui, après plusieurs années dans des 5 et demi assez spacieux, je me rends compte que ma mère a bien raison : la nature a horreur du vide. Tous mes placards sont REMPLIS à craquer de vêtements et d’objets, j’ai cinq bibliothèques pleines du plancher au plafond, mon partenaire cumule des centaines de disques vinyles, notre cabanon est un Tetris de bacs de plastique… bref, notre logement est plein comme un oeuf. Pourtant, avant de partir de Sainte-Rose pour Sainte-Adèle, nous avions entrepris un tri MAGISTRAL de nos avoirs.
Je sais que dans mon cas, je souffre d’un problème de dépendance aux friperies, et comme l’offre laurentienne est alléchante, disons que je ne m’en prive pas. Dénicher autant de trésors à petit prix coûte si peu cher, après tout ! Mais au-delà de la charge financière, c’est plutôt la charge mentale de ces vêtements qui me pèse. Les laver, les entreposer dans plusieurs garde-robes différents, et quand même ne jamais savoir quoi porter… c’est problématique.
C’est pourquoi j’ai entrepris, il y a quelques semaines, de sortir sur un montant une trentaine de morceaux soigneusement choisis dans ma penderie, et de m’en tenir à ça pour créer mes tenues : des tricots douillets, des pantalons confortables qui ne me serrent pas la taille, dans une palette neutre qui fait que toutes les pièces sont faciles à agencer. Parce que dans les dernières années, j’avais une palette de couleurs vraiment éclatée, et, bien que mes looks étaient toujours originaux, j’avais un mal fou à décider quoi porter le matin venu, et je n’étais que rarement confortable. Pire ! Je ne me sentais même pas jolie. Je ne me feelais pas. La vie est trop courte pour porter des vêtements inconfortables sans se trouver cute, si vous voulez mon avis.
Depuis que j’ai bâti cette garde-robe capsule, je me sens beaucoup mieux dans ma peau. Force m’est d’admettre que les coloris neutres sont plus seyants sur moi, mais aussi, de ne pas devoir essayer et enlever plusieurs tenues le matin parce que je suis trop squeezée dedans, ça aide l’estime de soi.
Et là, je RECONNAIS MON PRIVILÈGE, okay ? Je suis consciente que je me plains le ventre (ou le garde-robe) plein. Je suis PRIVILÉGIÉE d’avoir un logement assez grand et de l’argent pour m’acheter des vêtements (même seconde main). C’est juste que je me suis laissée brainwasher par cette société de consommation et que je me suis auto-prise au piège de l’accumulation, en me disant que « ce n’était pas grave comme c’était du linge usagé ». Soit, je ne commande pas compulsivement sur Shein ou Temu, et ce que j’achète encourage l’économie circulaire, mais est-ce vraiment sain de posséder AUTANT de choses ? Dans mon cas, je sais que la réponse est non. Les environnements chargés génèrent de l’anxiété et juste de penser qu’un jour, je devrai sans doute déménager à nouveau et tout empaqueter / replacer ces items…. ouf, allô la crise d’angoisse !
Je me demandais ce qui avait provoqué, chez moi, cette crise d’accumulation, ce qui m’a transformée en genre d’écureuils qui fait nerveusement ses réserves pour l’hiver. Parce qu’il n’y a pas si longtemps, je n’avais pas AUTANT de vêtements ou de livres. Et je pense avoir trouvé la réponse : c’est depuis la pandémie. Comme, pendant un certain temps, nous ne pouvions acheter de vêtements en magasin ni aller à la bibliothèque, on dirait que j’ai été traumatisée, et que là, je ne veux SURTOUT PAS manquer de choix, si jamais une telle situation avait à se reproduire. Chose que je ne souhaite absolument pas.
Bref, je pense que ce qui serait un bon équilibre pour moi, ce serait d’avoir une garde-robe personnelle épurée, mais de posséder ma propre friperie. Comme ça, je pourrais mettre au profit de mon entreprise mon « talent » de chineuse, et surtout, j’aiderais les autres à dénicher des pépites et à donner une seconde vie à des vêtements de qualité. JE LANCE ÇA DANS L’UNIVERS, LÀ.
Et en attendant, je tiens quand même un petit kiosque de fripe aujourd’hui même au Café Nook de Sainte-Adèle. (Comme on dit : j’dis ça, j’dis rien.)