Cette semaine, j’avais quelque chose de prévu chaque jour, et j’en suis sortie vivante et revigorée. Serait-ce la fin de mon « mode ermite » ?
Mercredi, je suis allée assister à la première séance d’un atelier de création littéraire, donné par Marie-Sissi Labrèche à l’Université de Montréal, les mercredis soirs. J’avais, début 2020, suivi un atelier semblable, donné par Suzanne Myre dans un centre communautaire de Centre-Sud, et j’avais adoré mon expérience. Les gens qui suivent ce type de cours (majoritairement des femmes), ont toutes sortes d’expériences de vie, leurs âges varient énormément, ce qui donnent des textes vraiment différents, même si nous suivons tous·tes les mêmes contraintes à la base. Au fil de la « session » s’étalant sur plusieurs semaines, on apprend à se connaître, la gêne se dissipe peu à peu jusqu’à créer une certaine confiance : on se sent rapidement assez à l’aise pour critiquer les textes des autres dans le respect et, inversement, recevoir les commentaires avec écoute.
Même si j’ai un bac en lettres en profil création, j’aime suivre ce genre d’atelier pour
« m’ébrouer » : sortir de mes habitudes d’écriture, de mon style habituel, et être confrontée aux critiques des autres. Ça m’aide dans ma démarche… et ça me permet de sortir de chez moi pour faire quelque chose que j’aime et rencontrer des gens qui partagent la même passion.
Hier, je suis allée m’immiscer dans un club de correspondance qui se tient dans une mini papeterie-café, latina et queer owned, nommée Nueva Era et située rue St-Hubert. Je me suis récemment inscrite à Postcrossing, un site où trouver des correspondant·es auxquel·les on achemine des cartes postales, et j’allais à cette rencontre pour travailler sur celles que j’ai à envoyer un peu partout dans le monde (Allemagne, Portugal, Pays-Bas, États-Unis et Italie). J’ai découvert un groupe de personnes toutes aussi passionnées que moi par la papeterie, les beaux crayons, les timbres originaux, les autocollants mignons, les washi tape en édition spéciale… et tout autre truc qui font briller les yeux des nerds de papeterie.
Avant que mon amie Carmélie (allô !) ne me parle de ce club, je ne savais même pas que ça existait, des gens comme moi qui sont excités par les papiers ornés de motifs et les cartes postales vintage. Ayant grandi avec un père qui possédait sa propre entreprise d’importation et exportation de produits de papeterie, je baigne là-dedans depuis mon enfance (à ma plus grande joie). Je suis heureuse d’avoir trouvé un lieu où en parler avec d’autres, où partager, etc. Quel bonheur de me sentir (un brin) moins étrange et seule !
Il est si difficile, en vieillissant, de lier de nouveaux liens d’amitié. J’ai l’impression que, surtout depuis la pandémie ou même depuis mon retour en banlieue en 2017, je n’entretiens (et pauvrement) que des liens virtuels (tout de même très précieux), et même moi qui suis une ermite, je commence à avoir faim de contacts humains. Mais comment trouver ces gens auxquels on a envie de demander : « Veux-tu être mon ami·e » ? Surtout que les trois quarts du temps, je refuse les invitations de mes « ami·es Internet » par pure anxiété sociale et peur de déplaire. On va se le dire : ma persona web est beaucoup plus dégênée et déniaisée que ma persona « en vrai ». Je suis malaisée, malaisante, et après avoir rencontré quelqu’un, je peux passer des jours à triturer toutes les phrases que j’ai dites dans ma tête et à me trouver niaiseuse. C’est du lourd !
Mais j’essaie fort de passer par-dessus ça, comme le prouvait mon horaire « chargé » (pour moi) de la semaine… et jusqu’à présent, ça me réussit assez bien (même si j’ai dormi 12 heures cette nuit parce que j’étais épuisée).
Club culture de la semaine
Au cinéma : Simple comme Sylvain, de Monia Chokri, 2023
C’est dans une salle tristement presque vide (nous étions 8) d’un cinéma de Laval que j’ai ENFIN visionné le dernier film de Monia Chokri. J’ai adoré l’atmosphère très 70’s des décors, de la palette de couleurs et des costumes, bien que le film se déroule à une époque contemporaine, ça lui donne une certaine intemporalité. Les plans de caméra hilarants (les zooms saccadés très série B) venaient ajouter une touche kitsch très réussie selon moi. Cette critique de la dichotomie entre « les intellos » et « les gens des régions » fait réfléchir, et soulevait plein de critiques subtiles sur ces deux types de personnalités.
Sans trop en dévoiler, je trouvais ça tellement spot on la façon qu’avaient les personnages intellos du film de répéter souvent la même conversation avec différentes personnes de leur entourage en s’écoutant parler. Tout était dans les détails, par exemple, pourquoi est-il considéré vulgaire et de mauvais goût, présentement, quand on est quelqu’un « d’urbain » qui vote de gauche, d’avoir un tatou de yin et yang, mais que c’est vu comme edgy d’avoir des tatouages de stick’n’poke volontairement mal faits ? Pourquoi c’est de bon goût de faire de la MDMA pendant un party de salon, mais que ça manque de classe de boire un coup dans un bar country ? Pourquoi le look uniformément beige, ça c’est oui, mais les styles colorés et bigarrés, ça, c’est non ? Bref, je me suis reconnue dans cette critique des différentes couches de la société, et j’ai trouvé les personnages touchants. Les acteurs et actrices brillaient par leurs performances juste assez caricaturales.
Carmélie!! <3
OMG je veux faire partie de ce club!