Une renaissance stylistique

Trauma, parfum et makeover.

Tout a commencé par un parfum particulier, que je portais lors de ma jeune vingtaine, à une époque que l’on pourrait qualifier de « pré-traumatique » pour moi. Après certains événements qui m’ont, disons, fait passer dans la période « post-traumatique », j’avais arrêté de porter ce parfum que j’aimais tant, parce qu’il me replongeait dans un étrange état d’esprit. Pourtant, pendant des ANNÉES, mes ami·es associaient cette odeur douce, florale, légèrement musquée et juste assez poudrée à moi. Mais l’odorat est une forme de mémoire, qui perdure.

Lors d’achats en pharmacie au début de l’automne, la cosméticienne a glissé des échantillons dans mon sac, et parmi eux, il y avait un minuscule flacon d’essai de ladite fragrance. Curieuse, je l’ai vaporisé sur mes poignets et mes vêtements. Non seulement je n’ai eu aucun flashback négatif, mais j’ai eu l’impression de me retrouver… et, point boni, mon partenaire n’avait jamais autant aimé un parfum sur moi, sans même savoir qu’il s’agissait de ma fragrance de prédilection JADIS. Résultat : j’ai demandé et reçu ce parfum, MON parfum, pour ma fête (merci à mes parents).

une photo de moi il y a dix ans, comme appui visuel

Si vous ne me connaissiez pas lorsque j’étais dans la vingtaine, sachez que j’avais un look vestimentaire très différent de celui que j’arbore depuis quelques années : j’étais presque toujours habillée en noir, alors que jusqu’à tout récemment, j’exhibais plusieurs nuances de coloris chauds et automnaux, dans toutes sortes de déclinaisons que l’on pourrait qualifier « d’hippie des laurentides ». Et si je trouve ces vêtements beaux, je ne peux pas dire que je me feel accoutrée ainsi. J’ai plutôt l’impression de me protéger, avec des coupes amples qui camouflent mon corps, et un genre de déguisement réconfortant si LOIN de ce que je portais avant. Comme si, à défaut de me trouver jolie, au moins, je pouvais me qualifier d’originale.

Mais depuis l’événement de la réappropriation de MON eau de toilette, on dirait qu’un processus s’est enclenché. (Sachez que je n’ai pas compris tout de suite quel était le déclencheur de tout ça, mais que je viens d’avoir l’illumination et il faut que j’en parle.) Un jour, récemment, j’ai regardé mes penderies débordantes de vêtements peu flatteurs et difficiles à agencer et je me suis dit… pourquoi ? J’ai donc TOUT rangé, et j’ai sorti sur un portant seulement les pièces aux couleurs neutres et aux coupes seyantes mais confortables. Je suis aussi allée en friperie dépenser un gros 40 $ pour acheter quelques essentiels manquants, et depuis, je ne porte que ce qui se trouve sur ledit rack Ikea. RÉVÉLATION ! Pour la première fois depuis DES ANNÉES, je me regarde dans le miroir et je me retrouve. Je suis plus lumineuse, plus fière, et je serais prête à parier que même ma posture a changée.

J’ai également entamé les démarches pour revenir au port régulier des verres de contact, et j’ai tassé mon toupet de ma face. On dirait que je n’ai plus envie de me cacher derrière des couleurs bariolées, des lunettes ou un toupet. Je vis une renaissance stylistique (je dis ça avec humour, là). Un RETOUR AUX SOURCES. Et câline, ça me fait du bien. J’ai l’impression d’avoir terminé une phase ingrate, une deuxième adolescence, et de laisser derrière moi un paquet de traumas lourds. Mais attention, han, ces traumas ont surtout été guéris par des ANNÉES de thérapie, pas par un makeover. Le makeover est juste le résultat visible et matérialiste de cette réalisation fulgurante : je suis passée à autre chose, je peux enfin tourner la page et réintégrer mon corps.

Je me regarde dans le miroir et je me dis, en bon français : welcome back.