Je n’ai jamais eu le bonheur facile, même si, tout au long de ma vie, j’ai été somme toute assez privilégiée : je suis quelqu’un de nature plutôt pessimiste, qui éprouve beaucoup de difficultés à focaliser sur le positif. Ou, du moins, je suis comme ça depuis mon entrée dans l’âge adulte.
Plus petite, j’étais facilement émerveillée, et même adolescente, j’étais quelqu’un qui entendait à rire et qui prenait très peu de choses au sérieux (pour le meilleur et pour le pire… mais surtout pour le meilleur, honnêtement). Et puis, un jour, les soucis de la « vie d’adulte » et les circonstances ont faits en sorte que l’anxiété et l’angoisse ont pris le dessus sur tout. Bien que je sois incapable de mettre le doigt sur le moment exact où ce changement a eut lieu, et que je crois qu’il s’agit plutôt d’une accumulation que d’un événement en particulier qui aurait tout fait basculer, j’ai longtemps essayé de mettre le blâme sur des gens et des situations. Je voulais SAVOIR ce qui m’avait « rendue » comme ça, comment j’avais évolué vers cette version de moi adulte paralysée par la peur.
C’était prendre le problème à l’envers.
Ce que j’aurais dû chercher à faire, c’est de retrouver cette enfant, cette ado que j’ai été.
C’est de retrouver le chemin vers cette joie féroce qui m’habitait.
Ces derniers mois, et plus précisément ces dernières semaines, c’est ce que je m’efforce de faire.
Comment retrouver et ressentir une joie radicale
L’amplitude du cliché vous découragera peut-être, mais ça veut dire de sortir de ma zone de confort, de danser (littéralement) sous la pluie, de perdre mes inhibitions, de dire oui, et de démontrer la joie que je ressens quand je la ressens, même si ça signifie de retirer le masque de grande personne que j’ai passé des années à peaufiner : j’ai envie de rire aux éclats à en pleurer et à en faire couler mon maquillage, de sourire avec les dents, de danser n’importe comment même en public, de dire quand je suis fière de moi, d’exprimer mon amour pour mes proches de façon spontanée.
Quand on devient adulte, on nous apprend à nous maîtriser, à cacher nos larmes et notre colère mais aussi à camoufler notre trop grande joie. Parce que c’est « immature », parce que c’est « anormal ». Je dis non à tout ça. Le monde vit bien assez de malheurs et de drames comme ça, si on doit en plus atténuer le bonheur quand on le ressent, que nous restera-t-il ?
On dirait que je remarque de plus en plus à quel point on nous demande (surtout aux femmes) de prendre le moins de place possible, et non seulement j’ai envie de prendre physiquement de l’espace, mais j’ai le goût de RIRE FORT d’un rire contagieux, de porter des couleurs vives qui font sourire. Je suis tannée de m’amenuiser pour ne mettre personne mal-à-l’aise. Si ma joie te rend inconfortable, regarde ailleurs, that’s it.
Micros-vacances et la fin du règne de la peur
Mon partenaire et moi avons profité de notre proximité momentanée avec Montréal (nous gardions la maison de mes beaux-parents pendant quelques jours) pour passer du temps au Festival de Jazz avec l’une de mes très bonnes amies. J’ai affronté les foules, et, à ma grande surprise, je n’ai eu qu’un très bref moment de malaise, vite dissipé. Il a plu très fort, mais nous avons dansé et chanté sous la pluie, et, pendant que nous vivions ce moment, j’ai pris mon amie dans mes bras, puis, j’ai dit à mon conjoint que je savais que cette soirée resterait dans ma mémoire comme étant un des moments forts de mon été. Il n’y a pas si longtemps, je n’aurais pas osé démontrer mon affection à mon amie, ou dire à haute voix quelque chose d’aussi cheesy. Et pourquoi donc ??
J’ai également pris le train de banlieue (seule !) pour la première fois de ma vie adulte cette fin de semaine-là, et j’ai trouvé l’expérience vraiment excitante. Normalement, j’aurais caché mon enthousiasme (qui est AUSSI heureux de prendre un simple train ?), mais pas là. J’étais CONTENTE d’utiliser ce moyen de transport nouveau pour moi qui donnait à mon simple séjour un goût de vacances à l’étranger. Ça ne fait de mal à personne, non ?
Ces quelques jours passés ailleurs que chez moi (bien qu’à seulement une quarantaine de minutes de route) m’ont fait réaliser à quel point j’ai évolué dans les derniers mois. Je suis tannée de me trouver des excuses pour rester dans ma zone de confort. J’ai envie de foncer vers le bonheur en me foutant bien de ce que l’on pense de moi. J’ai suffisamment atténué mon rayonnement dans la dernière décennie, et il est tant que j’exploite mon plein potentiel de joie. (Oui, je réalise que je sonne comme une gourou de secte ésotérique.)
Vraiment heureuse de te lire épanouie, souriante, même ruisselante sous la pluie! Tu as retrouvé ta tête bien faite du secondaire (hors polyvalente! Ha! Ha!), en apparence et en profondeur. J’en suis profondément touchée. Tu rebondis toujours ma belle fille comme une superball! Je t’aime si fort.
Quel beau et inspirant cheminement! Je suis heureuse pour toi !