Pendant longtemps, j’ai voulu être visiblement différente des autres, peut-être parce que je me sentais tellement anormale intérieurement. Au lieu d’essayer de me fondre dans la masse et de passer inaperçue, j’ai tour-à-tour adopté le style gothique (bien avant que ça ne soit la mode), le look grunge (avec dix ans de retard) et j’ai rasé mes cheveux à plusieurs reprises, après les avoir teints de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Être le mouton noir, ça me connaissait.
Alors pourquoi me suis-je laissée entraîner à ce point par les médias sociaux ?
Il me semble que j’aurais été le type de personne parfait pour ne jamais accrocher à ce genre de réseaux où tout sonne faux.
Le type de personne idéal pour entretenir ce désir d’unicité en ne créant jamais un seul compte public.
Et pourtant.
Aussitôt que j’ai mis mon doigt dans cet engrenage, je suis devenue exactement ce que l’on voulait que je devienne : la jolie fille un peu originale qui publie des selfies léchés et des images à l’esthétisme étudié, et qui déverse ses pensées dans des stories soigneusement planifiées.
J’y repense avec un léger haut-le-coeur.
Mais c’est que cette envie de me démarquer des autres ne venait pas simplement de mon originalité : j’ai toujours eu soif d’acceptation.
J’ai toujours souffert de vouloir plaire.
Et comme presque tout le monde sauf les moines et moniales bouddhistes (et encore), j’ai un égo immense qui n’atteint jamais un état de satiété.
Mais je remarque certains changements en moi depuis mon départ de Facebook et Instagram : je tiens de plus en plus à ma vie privée et à mon introspection.
Et depuis que Substack est envahi d’un nombre considérable de nouveaux·elles abonné·es vue l’écoeurantite envers les plateformes Meta, X et TiKToK, je m’y sens de moins en moins à ma place.
L’écran d’accueil est pollué d’articles de pages que je ne suis pas, avec des sujets vides tels tournant autour de comment aller chercher plus d’abonnements, plus de vues, plus de visibilité.
Cette impression de déjà vu me laisse un goût amer en bouche.
Et je me demande si c’est bientôt le moment pour moi de partir d’ici aussi.
J’ai l’impression un peu stupide d’être envahie dans mes derniers retranchements.
Il y a là matière à réflexion, et je m’accorde une nouvelle pause pour écrire en dehors de l’écran, pour moi, sans audience ni public, simplement.
Je ne dis pas que je ne reviendrai pas, mais j’ai besoin de réévaluer ce qui m’attire ici et si j’y trouve mon compte, ou si ça n’est qu’un nouvel attachement qui sera vite devenu nocif.
Tout ça pour dire : à la « revoyure » !
Entre les avantages d’être sur un réseau et les contraintes d’y participer, la marge de manœuvre est souvent fine.
Tu peux mettre en sourdine les posts qui ne te plaisent pas pour retrouver ceux qui sont plus authentiques ? Ça serait dommage que ceux qui ont envie d’écrire avec authenticité ici fuient à cause des posts trop marketés, non ? Je trouve qu’on commence à avoir quand même une série de personnes qui écrivent façon blog des débuts d’internet … on y est bien non ?