Depuis des jours, j’ai une anxiété latente dans la poitrine, qui m’oppresse au point de m’enlever le sommeil. Mes malchances personnelles et celles de mes proches mises à part, je ne voyais pas ce qui me rongeait d’angoisse. J’étais incapable d’apposer des mots à mes maux. Jusqu’à aujourd’hui.
J’écris présentement en observant le coucher de soleil smogueux et apocalyptique par ma fenêtre. J’ai passé la journée à tousser, moucher et éternuer alors qu’un ciel enfumé nous rappelle la proximité des incendies de forêts des provinces voisines. Des membres de ma famille et de ma belle-famille ont subit des dégâts majeurs suite aux inondations de la semaine dernière, après des pluies diluviennes sans précédent. Dans les nouvelles et les journaux, on parle de la recrudescence des cas de CoVid, des athlètes olympiques qui se sont écroulés à Paris après avoir performé malades.
On se dit : « pas encore ! ». On ne veut plus en entendre parler. Ni des pandémies ou épidémies, ni des catastrophes climatiques, ni des guerres. On veut mettre des oeillères, continuer à vivre comme si de rien n’était parce que de toutes façons, qu’est-ce que l’on pourrait bien y faire ?
Justement. Je ne dis pas qu’il repose seulement sur nos frêles épaules de changer les façons de penser, de renverser les bouleversements climatiques, de faire la paix dans le monde et d’éradiquer les virus. Mais où sont passées ces belles résolutions faites dans l’urgence de 2020 ? Celles où nous nous sommes promis de ralentir, d’apprendre. De reconnecter avec autrui, mais aussi avec une sorte de simplicité. Aussitôt les mesures sanitaires levées, nous nous sommes remis à voyager aussitôt que le temps et l’argent nous le permettent « parce qu’il faut bien profiter de la vie » , nous nous sommes remis à acheter des quantités phénoménales de produits inutiles sur Amazon, de vêtements imprégnés de teintures toxiques sur Shein et de cochonneries jetables de mauvaise qualité sur Temu… et fuck notre empreinte écologique ! Ce n’est jamais NOUS le problème.
Je ne suis pas quelqu’un de naïf : je n’ai pas réellement cru que l’humain occidental allait vraiment changer sa manière capitaliste extractiviste colonialiste de vivre. Je me suis toujours attendu au pire de l’humanité, mais même moi, je ne peux pas m’empêcher d’être déçue. Que faisons-nous devant l’urgence ? Au mieux, on repartage des images d’une violence extrême, des articles dont on n’a lu que le grand titre, et on se plaint des gouvernements qui ne changent jamais rien.
Une extinction de masse nous guette dans le détour et qu’aurons-nous fait ? Nous envoyer des memes d’apocalypse en gobant des Ativan en attendant notre vol pour un tout-inclus instagrammable en Thaïlande ? Nous désoler publiquement du racisme systémique avant de filmer notre haul de fast fashion cousue par des esclaves ? Suis-je si stupide de penser que l’on devrait commencer par se regarder le nombril pour voir ce que nous, personnellement, pouvons poser comme petit geste avant la fin du monde ?
J'avais espéré que la pandémie nous ouvrirait les yeux, mais il semble qu'on oublie tellement vite. Même toutes les récentes catastrophes climatiques ne semblent nous éveiller, malheureusement nous dormons à poing fermé.
Il existe plein de collectif en plein essor qui militent pour notre survie comme Rage Climatique, Les Soulèvements du Fleuve, lastgeneration...il faut aller à leur rencontre, les soutenir, partager leurs actions, leur démontrer que nous sommes de leur côté de la barricade. Il n'y a qu'être dans l'action qui m'empêche de sombrer.