Hier, j’ai débuté ma journée de très bonne humeur. C’était un samedi libre de toute obligation, d’une fin de semaine de trois jours et demi où j’étais sensée être à Gatineau pour le congrès de Québec solidaire mais, pour différentes raisons, j’avais finalement choisi de rester à Laval (ville du vice). Je me retrouvais donc avec un horaire de weekend complètement libre, où TOUT ÉTAIT POSSIBLE. Ça, c’est jusqu’à ce que deux inconnus viennent saboter mon humeur.
Mon partenaire et moi sommes allé·es magasiner un gravel bike dans une toute petite shop des Basses-Laurentides. De mon côté, je voulais m’informer au sujet des vélos de route, le mien étant plus que dû pour être changé. J’étais déjà allée dans une autre boutique spécialisée au début de l’automne, mais le conseiller avait passé son temps à s’adresser à mon chum, sans me regarder ou presque… même si c’était MOI qui avait besoin de conseils. Il n’avait pas non plus écouté ma demande : un vélo d’entrée de gamme, car je n’en fais pas beaucoup ni longtemps. Il ne me conseillait que des vélos au-dessus de mon (maigre) budget. J’étais donc ressortie (genre, une heure et demi plus tard : ce monde-là aime ça s’entendre parler) bredouille.
Hier, mon conjoint est entré avant moi dans la boutique pour s’assurer que nous avions la bonne adresse (de l’extérieur, ça ressemblait plus à un bureau chef qu’à une shop). Quelques minutes plus tard, il m’a fait signe d’entrer. Quand j’ai PÉNÉTRÉ cette ANTRE du vélo, le vendeur ne m’a même pas saluée et a continué son monologue sans poser les yeux sur moi. Ce qu’il a fait tout du long. LA fois où j’ai voulu prendre la parole, il m’a coupée à plusieurs reprises pendant la même phrase. Je bouillonnais intérieurement. Je suis allée me planter dans un coin pis j’ai scrollé sur mon cell jusqu’à ce que mon chum fasse son achat. Je n’ai même pas essayé d’obtenir des infos pour moi-même. Fuck off.
C’est un fait que mon partenaire connaît plus les vélos que moi, le jargon, etc. Mais j’ai un esprit logique qui apprend HYPER vite et qui enregistre les termes techniques comme une machine. Sauf que si personne ne prend la peine de m’expliquer les choses (voire, de m’adresser la parole), c’est clair que je vais rester ignorante.
Après la boutique de vélos, nous avons mis le cap sur l’un de nos cafés préférés, tenu par une femme. Son mari était là pour lui donner un coup de main, ce qu’il fait parfois les fins de semaine. Nous avons été témoins d’un monsieur qui demande au mari en question si le café lui appartenait. Le mari de lui répondre que non, qu’il s’agit du projet de sa femme. Le monsieur s’est ESCLAFFÉ. Comme si c’était une câlice de bonne blague, une entreprise qui appartient à une femme. Alors que la propriétaire des lieux fait non seulement rouler sa business, mais en plus, elle est infirmière à temps partiel ET elle a des enfants. Je l’admire énormément. Et là, ce petit monsieur si satisfait de lui-même RIAIT. J’ai roulé des yeux et serré les dents.
Quand je raconterai ces deux épisodes à ma mère au téléphone un peu plus tard, elle me demandera pourquoi je n’ai rien dis, au moins au vendeur de vélo. Et je me le demande moi-même. Peut-être parce que je n’ai plus l’énergie d’éduquer ces petits dudes, que sais-je ? Mais oui, j’aurais dû dire quelque chose, du genre : « heye, me laisses-tu au moins terminer ma phrase (tabarnak) ? » Je le regrette maintenant.
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Cette semaine, j’ai fait deux shifts dans un kiosque du Salon du Livre pour le travail, et j’ai été « prise en otage » par des monsieurs. L’un s’est carrément planté devant moi pour me raconter ses blagues poches, et, devant l’absence de réaction de ma part, en a conclu que « je n’avais pas bien compris » et a répété sa dernière blague plus lentement, avec un ton semi-agressif. Je lui ai assuré que oui oui, j’avais compris ses jeux de mots (de marde), sans sourire. Ça déstabilise tellement les hommes quand une femme à qui ils ont décidé de s’adresser NE SOURIT PAS. Les deux autres bonhommes avaient juste besoin de quelqu’un à qui se vanter de leurs diverses prouesses et voyages, et moi, coincée dans mon kiosque, je pouvais mal leur dire de partir… et je ne pouvais pas m’enfuir.
Aucun de ces messieurs n’avait comme but de regarder la myriade de revues culturelles étalée sur les tables devant moi. Non. Ils avaient vu une femme seule, blonde, qui ne pouvait sortir de son kiosque, et y ont vu une occasion de monologuer. POURQUOI ? Et ça durait au moins une quinzaine de minutes, sans aucun encouragement de ma part. Je répète : POURQUOI ? Je n’ai pas pu m’empêcher de me dire qu’ils ne se seraient pas adressé de la même manière à un homme, en name-droppant les pays où ils avaient voyagé ou les postes qu’ils avaient occupés avec un air satisfait. Un monsieur est même parti, à la fin de son monologue, en me disant :
« ALLEZ, J’T’EMBRASSE ». QUI. FAIT. ÇA.
Là, don’t get me wrong, c’est vraiment correct d’initier des conversations avec des gens qui travaillent au service à la clientèle, d’être aimables, courtois, de s’intéresser À LEUR TRAVAIL. Peut-être, à la longue, après les avoir vus plusieurs fois, d’établir un contact plus personnel, de tenir des conversations plus riches. Mais de juste monologuer de même avec quelqu’un qui ne peut pas vraiment bouger, d’un sujet qui n’intéresse que vous, et ce, pendant de lonnnnnngs moments, sans même vous intéresser à la personne devant vous, c’est non. Parle-toi devant le miroir, trouve-toi des ami·es, je sais pas.
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Bref, mon humeur s’est détériorée rapidement, hier, et au départ, je ne savais pas trop pourquoi. C’est mon partenaire qui a fait le lien : j’étais irritée par les actes de sexisme ordinaire dont nous avions été témoins pendant la journée. Et c’était ça. Ces petits moments gossants s’impriment dans ma tête et me donnent envie de hurler. Traitez-moi de féministe hystérique, je m’en balance.
Aucunement une féministe hystérique, juste une humaine qui demande un peu de considération! Ouff.. je suis sincèrement désolée que tu aies du vivre tout ça dans les derniers jours. C'est fucking épuisant et étouffant (allô les 2 dudes qui t'ont carrément prise en otage à ton kiosque) Et non, personne dit ça «j't'embrasse» à une pure inconnue. Ark.
Une grosse dose de doux à toi Ariane <3