“Nothing I've ever done right Happened on the safe side It's the other way I'm missing everyone I know now”
-Metric, la chanson Clone
J’écris ces lignes assise dans la bibliothèque de mon ancien quartier, (Sainte-Rose, à Laval) où je suis venue passer la journée. Chaque fois que je reviens ici, et que je revois «ma» rivière, celle au bord de laquelle j’ai grandis, je pleure. Ça fait maintenant 6 mois que nous habitons les Laurentides, 9 mois que nous avons appris que notre ancien propriétaire reprenait notre logement. Habiter les Laurentides était mon rêve, et malgré ça, je m’ennuie de Sainte-Rose, de tout ces gens que je connais ici, des trajets que j’ai parcourus des milliers de fois à pieds, de mes anciennes habitudes, de la proximité de Montréal et de mes rares ami·es qui y habitent.
C’est plus fort que moi : ma nostalgie est chronique.
J’ai aussi très peur de sombrer dans l’oubli. Pas de façon mégalomane, je ne veux pas devenir connue à moyenne ou à grande échelle, mais à très petite échelle : je ne veux pas que les propriétaires des commerces que j’avais l’habitude de fréquenter m’oublient, je ne veux pas que les connaissances que j’ai m’oublient, et cette seule possibilité me rend triste.
Comme mon père, j’ai l’habitude d’aller dans les cafés et les restos et de parler avec un peu tout le monde (ce qui va à l’encontre de ma réputation de misanthrope) et de tisser rapidement des liens. C’est le cas dans mon nouveau village comme c’était le cas à Sainte-Rose, mais, je ne sais pas, peut-être parce que c’est tout récent pour moi d’habiter Sainte-Adèle, j’ai toujours un peu l’impression d’être un personnage dans un film, je fais de la dissociation, comme si ce qui m’arrive arrivait à un·e autre. J’ai aussi énormément de difficulté à accepter qu’il ne s’agisse pas d’une situation à court terme : c’est ma réalité, maintenant, c’est tout. Je sais que tout est impermanent, mais vous comprenez où je veux en venir, j’imagine.
Je pensais qu’avec le temps, cette impression étrange se dissoudrait, mais il n’en est rien. Si ça se trouve, elle est de plus en plus présente. Peut-être que c’est normal, peut-être que je dois me laisser encore plus de temps d’adaptation, je ne sais pas. Peut-être que le choc de changer de ville ET d’emploi en même temps était trop, même pour moi qui a l’habitude des changements drastiques et multiples. N’empêche, je me sens comme un arbre que l’on a déraciné et replanté mais qui peine à se refaire des racines. Difficile de fleurir, dans ce temps-là.
J’ai également peur de recréer des liens forts avec de potentiel·les ami·es; je reste distante, car traumatisée. Un côté de moi se dit «à quoi bon, si c’est pour que l’on m’enlève à nouveau ce que j’ai acquis» ? Je sais que ce genre d’attitude ne mène à rien de bon, que l’on ne peut pas vivre sa vie dans la peur et la solitude en ratant toutes sortes d’opportunités et de possibles beaux moments. Mais ce réflexe de défense est tellement ancré profondément en moi que je ne sais pas comment désactiver cette fonction dans mon cerveau.
“What the hell am I doing here? I don’t belong here.”
- Radiohead, Creep
J’ai vécu ça juste en changeant de quartier à Montréal. Ça fait maintenant 2 ans et ce sentiment a fini par passer. Laisse-toi du temps ❤️