Mon partenaire est (était) un excellent enseignant : de celleux qui changent des vies et qui marquent les esprits. Mais son métier le minait à petit feu, le drainait de toute énergie, le laissant épuisé, drainé, incapable de continuer. Son corps et sa tête lui ont envoyé plusieurs avertissements avant qu’il ait le courage de se retirer pour s’en remettre.
Récemment, l’espace d’un mois à peine, je suis redevenue cosméticienne, et j’ai donc retravaillé en service à la clientèle à temps plein. J’étais, humblement, excellente dans mon travail, mais aussitôt arrivée à la maison, je mangeais, me lavais et allais me coucher. J’étais surstimulée à longueur de journée : parler à des dizaines de gens, l’ambiance de néons et de céramique, la musique en boucle, le peu de temps pour moi-même ont eu raison de moi.
Ce n’est pas parce que tu es bon·ne dans quelque chose que tu es obligé·e d’en faire ton métier
Combien d’entre nous restent en poste à un job qui nous tue lentement, en se disant que l’on DOIT pratiquer ce travail comme nous sommes compétent·es pour le faire ou parce que nous avons étudié dans cette voie ? Comme si notre avenir professionnel était coulé dans le béton. Bien que les générations des milléniaux et des plus jeunes ne choisissent plus que rarement un poste pour l’occuper jusqu’à leur retraite, comme c’était le cas de nos parents et de nos grands-parents, nombre de personnes restent dans une branche qui les rend inconfortables et malheureux·ses, souvent à cause d’obligations monétaires, mais parfois aussi à cause de la peur de gâcher leur potentiel.
La conjecture économique actuelle rendra plus difficile les réorientations professionnelles, et je dois avouer que j’ai peur pour mes pairs et moi. Devrons-nous nous forcer à rentrer dans une case qui nous étouffe pour survivre ? Je sais qu’il s’agit d’un immense privilège d’avoir un emploi, et encore plus de pouvoir se permettre d’être pointilleux·se quand à la nature de celui-ci, mais on passe la majorité de notre vie à travailler, ce serait bien que l’on soit heureux·ses, ou du moins, pas absolument désemparé·e, au sein du poste que nous occupons.
Je nous souhaite à tous·tes de trouver notre « ikigaï », ce concept japonais qui signifie de trouver un emploi qui s’accorde avec nos valeurs et notre raison d’être.
Monétiser tes passions et tes talents n’est pas obligatoire
On vit dans une culture de l’hyperproductivité (ou hustle culture) très capitaliste, qui nous enseigne que l’on doit TOUT monétiser. Bon·ne en crochet, en peinture, en tricot ? Fais-en un sideline lucratif, sinon ton talent est « gaspillé ». Mais qu’est-il arrivé des simples passes-temps ? Ce que l’on fait pour se détendre, dans l’intimité de notre demeure, sans rien attendre ni demander ? Ce qui ne sert à rien ?
Lorsque j’avais encore mon compte Instagram personnel, je me suis mise à accepter des services de presse. J’étais toute excitée de recevoir gratuitement des nouveautés littéraires en échange d’un commentaire critique honnête sur ma page ! Mais avec le temps (et la quantité d’ouvrages reçus), je me suis mise à ressentir une pression (auto-imposée), à penser que je devais lire PLUS, lire MIEUX, et surtout, lire ce que l’on me disait de lire.
Depuis que j’ai supprimé mon compte perso d’Instagram, je lis à nouveau des livres trouvés par hasard en fouillant à la bibliothèque municipale, je lis lentement, très peu de livres par mois, et je reprends tranquillement goût à la lecture. Mieux : je retrouve quels sont MES goûts littéraires, et non ceux que les réseaux sociaux essayaient de m’enfoncer dans le crâne. Je lis pour moi seulement, et ça me suffit. Si je lis un bon livre, j’en parle à mes proches « dans la vraie vie » et je leur prête ledit livre, et mon « influence » s’arrête là. Et c’est très correct comme ça.
Retrouve le plaisir et la liberté de ne pas être vu·e
Quand j’étais ado, j’ai fait partie de l’option guitare à la polyvalente. Je me rappelle d’avoir pratiqué et répété mes gammes et mes pièces, assise sur le banc de bois à l’avant de la maison familiale. Je ne me filmais pas. Je ne me prenais pas en photo. J’étais juste entièrement focalisée sur le plaisir que j’éprouvais à jouer et à apprendre. Même chose quand j’ai suivi des cours de peinture : je ne cherchais pas à me montrer, seulement à m’amuser et à créer.
C’est cette innocence, cette belle naïveté, cette liberté que je veux retrouver autour de mes passions et passes-temps.
J’adore ce post. J’ai aussi laissé tomber Instagram et je fais les choses simples que j’ai envie de faire surtout…sans smartphone pour scroller ou pour prendre une photo de ce que je fais.
Retrouver le plaisir pur de créer sans être vu..! Ça me parle