On pourrait m’accuser de souffrir du syndrome de Peter Pan et on aurait raison. Je déteste vieillir. Oui, je sais, vieillir est un privilège. Mais je vais vous expliquer où je veux en venir. Patience.
Déjà, à la puberté, je voulais faire reculer le temps, retourner en arrière, rester une enfant. Je ne voulais pas de seins, pas de menstruations, pas de hanches, je n’avais rien à foutre de mon éventuel potentiel maternel.
Pendant la pandémie, comme plusieurs, le stress et l’isolement m’ont fait prendre un coup de vieux. Je suis plus cernée, plus ridée, je collectionne les taches pigmentaires, j’ai pris du poids, bref, je ne me reconnais pas, et ce depuis quelques années. Ajoutons à ça des problèmes de colonne vertébrale, de hanches et de genoux, j’ai l’impression d’aller sur mes 86 ans et non sur mes 36 ans.
Mais plus que ma lente décrépitude physique, ce qui me gosse, ce sont les responsabilités qui viennent avec le fait d’être un·e adulte. On dirait que j’ai compris CETTE ANNÉE que ces trucs qui m’emmerdent ne sont pas là de manière temporaire, mais de façon permanente, et ce, jusqu’à la fin de mes jours (à moins que j’aille vivre off grid et sans papiers dans un trou quelque part, acte qui multiplierait d’autres sortes de responsabilités). Depuis cette réalisation subite, je capote.
Comme je semble être d’humeur à faire des listes, en voici une autre.
Les « choses d’adulte » qui m’horripilent :
Payer des impôts pour un gouvernement que je n’ai pas choisi, et merde, que la MAJORITÉ n’a même pas élu, pour que ce même gouvernement continue de désinvestir en santé, en éducation, en arts et en culture.
Choisir quoi manger trois fois par jour. Ça a l’air simple, mais c’est mon enfer quotidien, ça me fait faire de l’urticaire, je DÉTESTE choisir comment m’alimenter, quels ingrédients acheter, je suis incapable de faire un menu ou PIRE, de la meal prep. J’ai lu quelque part que les gens avec un TSA font de l’anxiété quand ielles doivent choisir quoi manger et je comprends. Si je pouvais manger du Kraft Dinner ou des toasts au beurre d’arachides à chaque damné repas sans pogner le scorbut, je le ferais.
Devoir accomplir toutes les corvées répétitives dont on ne voit jamais le bout : le ménage, le lavage, changer les draps, les serviettes, torcher-salir-recommencer. C’est aliénant. Je ne suis pas la première à le dire, mais l’I.A. devrait servir à éliminer ces tâches de notre quotidien au lieu d’essayer de faire de l’art poche et bas de gamme.
Remplacer les heures d’apprentissage ou de jeu par le travail. J’ai beau aimer mon emploi et mes contrats, c’est tellement dommage que la majorité de mes heures éveillées passent là-dedans, que ce soit nécessaire pour survivre (et encore, très près du seuil de la pauvreté en ce qui me concerne), que je ne puisse pas profiter comme je voudrais du fait que j’habite les Laurentides et que TOUTES les activités de plein air sont à ma portée, que je manque de temps pour lire, pour écrire, pour suivre des cours pour le plaisir.
Magasiner des assurances. Payer des assurances.
En fait, juste devoir magasiner / payer quelque chose de plate tout le temps.
Finir chaque journée épuisée, sans avoir l’impression d’avoir accompli quoique ce soit de satisfaisant, juste le strict minimum nécessaire.
Mal dormir.
Si c’est ÇA, être un·e adulte, je veux être remboursée ! On nous vend ça comme « avoir plus de liberté », je vois ça comme « être pris·e dans une cage de responsabilités ». Je ne veux plus être une adulte, je veux être une hobbit ou une elfe, profiter de la nature, passer des heures allongée sous un arbre à ne strictement rien faire, me baigner dans des sources claires, manger des fruits que je cueille et rire aux éclats entourée d’ami·es, d’animaux et d’amour. C’est pas trop demander, non ? Non… ?
Je relate tellement à tout ça. 💜
Je déteste être une adulte, moi aussi. Mais je n'aimais pas les limites lorsque j'étais enfant. À choisir, je préfère être adulte, parce que j'ai l'impression d'avoir un peu plus de contrôle sur ma vie.