Peut-être avez-vous vu sur TiKToK ou Instagram ces courtes vidéos du type « Je suis X donc bien sûr je fais Y ». Par exemple : « Je suis bibliothécaire, bien sûr que je classe mes livres personnels selon le système Dewey » ou encore « Je suis anxieux, bien sûr que je vérifie 6 fois si j’ai fermé le four avant de quitter mon appartement ». Depuis mon déménagement, il y a deux maigres semaines, je me permets de remarquer toutes les petites façons dont j’incarne le cliché de la Laurentienne typique, et ça m’amuse… mais pas de là à embarquer dans une tendance TiKToK quand même, n’exagérons rien. Non. À la place, je vais vous emmerder avec un texte de plus de 500 mots. MAIS AU MOINS, mon texte de cette semaine est un peu plus léger.
Il faut dire que j’avais pris une longueur d’avance. Si certaines personnes ont un vision board où elles affichent des photos et des mots en lien avec leurs rêves et leurs objectifs, moi, j’avais une penderie d’inspiration : je collectionnais depuis des années des morceaux de vêtements qui font très « je suis à la tête d’une secte au fond d’un rang », sans avoir vraiment d’occasions pour les étrenner. Je les gardais « au cas où je déménagerais dans les Laurentides ». J’ai bien fait. Maintenant, j’y vis et je peux porter mes manteaux en tapisserie, mes kimonos de soie, mes blouses d’inspiration indienne et mes robes à motifs criards sans craindre de me faire fusiller du regard par des citadin·es monochromes (j’exagère [mais à peine]). La Ariane montréalaise qui ne portait pratiquement que du noir est rendue bien loin. RIP.
Quand on entre chez nous, oui, ça sent l’encens, la tisane et les fruits. Quand on me serre dans ses bras, il émane de moi l’odeur de sapin boréal de mon shampooing et de cèdre de mes produits pour le corps ainsi que la fragrance de mousse et de fougère de mon huile parfumée. Et nous avons décoré notre logement de gros macramés parfaitement clichés. Mais surtout, ce qui est important là-dedans, c’est que pour la première fois (de ma vie d’adulte), je n’ai pas besoin de faire d’efforts pour rentrer dans un moule : j’incarne simplement mes VRAIS goûts, ma VÉRITABLE personnalité, celle que j’atténuais pour être présentable ailleurs, mais qui pointait le bout de son nez par quelques détails (le poil à mes aisselles et mes livres sur le bouddhisme, par exemple).
J’en suis venue à me demander pourquoi j’avais attendu d’être dans un environnement propice pour « laisser fleurir » ces aspect de ma personnalité. Pourtant, à l’adolescence, je changeais de style mensuellement, passant d’un look éclaté à l’autre sans vraiment me soucier de l’avis d’autrui. Je portais ce que j’aimais, simplement, et ça pouvait aller des bas à orteils Bob l’éponge à un débardeur style corset gothique. Mais je ne faisais pas ça pour attirer l’attention. Je le faisais parce que j’adorais m’habiller. Je faisais même des croquis à la main des tenues que j’allais exhiber à l’école. Cela inspirait deux réactions opposées de la part des autres élèves : je faisais soit rire de moi et insulter, soit on essayait de copier mon look assez indéfinissable… et parfois, les bullies qui m’intimidaient en premier lieu essayaient ensuite de me copier. Ah ! L’école secondaire… !
Puis, plus tard, je suis tranquillement rentrée dans les rangs. Je dirais que j’avais un style quand même bien à moi jusqu’à la vingtaine, peut-être, où je suis (littéralement) arrivée en ville et sentie intimidée par l’océan de tenues noires des artissssss’ de la métropole (je pense que maintenant, le beige est le nouveau noir, mais qu’en sais-je ?). Puis, arrivée dans la trentaine, il m’est devenu plus ardu de trouver des morceaux qui m’allaient, surtout après une genre de puberté tardive qui m’a donné des courbes à 32 ans et que je ne savais pas comment gérer. Toujours est-il que j’ai eu l’impression de me perdre en chemin. J’ai perdu le plaisir de m’habiller et j’ai lentement commencé à avoir honte des styles de vie alternatifs qui m’attiraient vues tous les memes et autres clichés circulant sur internet.
Par contre, quand je venais en touriste dans certains villages des Laurentides, tout de suite, je ralentissais mon rythme : je marchais lentement, je parlais instinctivement aux gens, je me sentais « sur mon X ». Dans les restos, les babillards sont couverts de petites annonces de cours de yoga, de tantrisme, de reiki, de spectacles de harpe ou de kirtan. On retrouve des herboristes avec pignon sur rues, les bars offrent la possibilité de commander des tisanes locales, et surtout, SURTOUT, personne ne semble pressé.
Ça ne fait que deux semaines que nous sommes déménagé·es à Sainte-Adèle, et je cumule le plus grand nombre de bonnes nuits de sommeil de ma vie entière, je pense. C’est dû au silence, à la noirceur, mais aussi à une paix d’esprit que je n’espérais plus retrouver. Le matin, je suis vraiment lente à commencer ma journée, je prends le temps. De regarder dehors. De flatter mon chat. De discuter avec mon partenaire. De lire. D’écrire.
Tout ça pour dire que je ne veux pas parler trop vite, mais j’ai l’impression de m’être retrouvée.
De pouvoir enfin incarner mon essence profonde.
Si ça sonne pas gourou, ça… !
Le souffle des Laurentides te fait respirer de nouveau à pleins poumons? L’humanité de ses résidents en harmonie avec les belle montagnes environnantes et ses forêts redonnent saveurs et plaisirs à ta vie? Le Hobbit, tel un phoenix, renaît de ses cendres? Watch out le monde! Les Pays d’en Haut ne le savent pas encore, mais leur vie vient de changer, avec ton charisme légendaire!
C’est tellement doux ce partage 🩵
Quand j’étais jeune (venant d’un petit village de 2500 âmes) les personnes que je trouvais cool avaient toutes la même odeur (probablement un mélange incluant du tea tree) et j’ai réalisé il y a quelques années que j’étais devenue moi aussi cette personne cool qui sens les huiles essentielles et le savon fabriqué à la main 🫶🏻