Des humains et des mammifères marins anti-yachts
Des orques anarchistes me font remettre en question mon « militantisme ».
Celleux qui me connaissent savent à quel point j’adore les animaux. Je collectionne les faits absurdes les concernant, j’aime apprendre leurs habitudes de vie, et il n’est pas rare que je me lance dans des recherches vraiment poussées sur un animal en particulier juste parce que. Alors disons que dans les dernières semaines, je jubilais en lisant tout ce que je pouvais sur les fameux « orques anarchistes anticapitalistes ».
Source de la photo : inconnue.
Vous avez bien lu : des orques anarchistes.
« De kessé », me diront celleux d’entre vous qui ne fréquentent peut-être pas les médias sociaux (d’extrême) gauche. Et bien, figurez-vous que les orques ( « killer whales », en anglais) comptent parmi les animaux les plus intelligents au monde. Une orque que les humains ont nommée White Gladis (t’sais !!) aurait, selon des biologistes marins, enseigné à sa progéniture comment attaquer les bateaux humains, et son précieux enseignement se serait ensuite propagé telle la bonne nouvelle de Jésus via ses apôtres, de sorte que dans le détroit de Gibraltar, l’Atlantique et la Méditérannée, les orques s’unissent pour attaquer voiliers et yachts dans le but de les détruire. Les capitaines ayant subi ces attaques sont unanimes : les orques savent exactement ce qu’ils font, et cela leur prend maintenant moins de quinze minute avant de mettre un bateau K.O. Probablement que ces cétacés ont décidé de s’organiser après avoir vécu des dizaines (centaines) d’années dans la terreur que leur milieu de vie ne soit saboté par des bateaux de plus en plus gros et de plus en plus nombreux. Personnellement, j’ai hâte que les mammifères marins aient assez pratiqué pour pouvoir saboter complètement le giga-yacht de Jeff Bezos. Sortez le popcorn !
Je réfléchissais à ça cette semaine, et j’admirais les orques qui ne se laissent pas manger l’absence de laine sur le dos, contrairement à un autre mammifère supposément intelligent, et j’ai nommé : l’humain. Pendant que les inégalités sociales de creusent, que les riches (et les députés) s’enrichissent, qu’il faut choisir entre se nourrir (de bouffe de plus en plus chère sans raison autre que l’avidité des magnats des épiceries) et se loger (ce qui deviendra de plus en plus difficile au Québec si le projet de loi 31 passe), que faisons-nous ? Nous partageons des memes et signons des pétitions, et DES FOIS, on sort dans la rue faire des manifestations pacifiques dont tout le monde se câlice à part la gauche, sorte de circle jerk bien pensant que l’on peut poster en stories sur Instagram pour performer notre militantisme. (Et oui : « on » inclut la personne qui parle.)
Nous n’avons jamais eu autant de moyens de communiquer (même si certains ne sont pas nécessairement sécuritaires), et regardez-nous, estie. Incapables de se soulever, de répliquer, de s’organiser. On a carrément BESOIN D’UNE RÉVOLUTION PLANÉTAIRE POUR QUE L’ESPÈCE HUMAINE SURVIVE, pis on est là devant nos pixels d’écrans fabriqués par des enfants à se partager des memes. Je m’excuse ma vulgarité, mais personnellement, ça me décâlice, et ma propre inaction et mon sentiment d’impuissance sont à la source même de mon sentiment dépressif.
On est en train de s’autodétruire.
Oui; c’est correct d’avoir besoin de légèreté pour rendre notre quotidien plus léger et éviter d’avoir envie de se balancer en bas du viaduc le plus près, face première contre un VUS lancé à pleine vitesse.
Mais pour vrai, là, quand est-ce qu’on agit ?
Comment ?
Avec qui ?
Si vous avez des cues, je suis toute ouïe.
Lus et aimés
Pour que demain s’empare de nous, Julia Bosman, Leméac, 2023
Les trois personnages principaux de ce roman évoluent (majoritairement) dans le Montréal des années 90. Nous suivons les trois ami·es alors qu’iels traversent les aléas de la vie de jeunes adultes, avec quelques flashbacks en prime. Disons que ce sont des protagonistes qui n’ont pas le bonheur facile et qui vivent plusieurs épreuves, le tout, sur fond de musique de l’époque : Radiohead, Daniel Bélanger, Jean Leloup, etc. Les scènes de leurs échecs amoureux, défaites professionnelles, relations compliquées avec leurs familles sont entrecoupées des événements sociaux et politiques de l’époque : la tuerie à la Polytechnique, le présumé bogue de l’an 2000, la chute du mur de Berlin, l’affaire Chantal Daigle… Le tout a une saveur nostalgique où l’on prend toute la mesure de cette « génération perdue », qui ne se reconnait pas dans les valeurs des boomers et qui a beaucoup de difficultés à s’imaginer un avenir radieux. C’est un livre que l’on lit comme on observe des vieilles photos : tout est dans les détails.
I want to Die but I Want to Eat Tteokbokki, Baek Sehee, Bloomsbury, 2022
J’ai vraiment développé une relation d’amour-haine avec la narratrice de ce mémoire au fil de ma lecture. Celle-ci est gestionnaire de réseaux sociaux dans le milieu de la culture (comme moi) ayant étudié en lettres (comme moi) qui aspire à devenir autrice (comme moi), mais qui souffre d’anxiété, d’un syndrome de l’imposteur et d’une piètre estime d’elle (…comme moi). Parfois, se faire renvoyer le miroir de ses complexes peut être assez difficile, et c’est ce qui m’est arrivé. Je ne pouvais lire que quelques pages de ce livre relatant la thérapie de l’autrice à la fois, mais je considère en avoir tiré plusieurs leçons qui me serviront et me seront précieuses… même si j’ai lu en grinçant des dents. À lire si tu as des bibittes semblables aux nôtres et que tu trouves la thérapie trop chère.
Spectacle coup de coeur
Le grand retour de Philippe Brach
Quand les Francos ont annoncé un show surprise de Brach le jour même, j’étais dans les Laurentides, et je suis descendue illico pour ne pas manquer ce grand retour de mon artiste préféré après 5 ans d’absence. Même si le spectacle était à 23h30 à Montréal, que je déteste les foules et que c’est way passed my bedtime, JE N’AI AUCUN REGRET (bon, okay, à part que j’ai tellement inhalé de fumée secondaire de weed et de cigarette que je me tousse les bronches pis que je me suis barré le dos momentanément parce que j’ai trop sautillé sur place. JE SUIS VIEILLE, OKAY ?).
Ce sacré personnage de Brach était en pleine forme, doublement costumé, et c’est avec une énergie et une bonne humeur contagieuses qu’il a livré des chansons de tous ses albums avec son band de feu. La foule était en délire, tout le monde chantait, souriait, c’était vraiment beau à voir et à vivre. Points boni pour ses petites piques lancées aux propriétaires de condos qui chialent contre le bruit, à Legault et aux fans de F1. Philippe sera en tournée un peu partout au Québec, n’hésitez pas à aller le voir en live, ça en vaut TOUJOURS la peine.