En 2022, le dictionnaire anglophone Merriam-Webster choisissait « gaslighting » comme mot de l’année. Cette technique de détournement cognitif utilisée entre autres à outrance par les personnalités perverses-narcissiques désigne une « manipulation visant à faire douter une personne d’elle-même en ayant recours au mensonge, au déni, à l’omission sélective ou à la déformation, et ce, afin de tirer profit de l’anxiété et de la confusion ainsi générées »*.
Que ce mot se soit rendu au sommet du palmarès des mots les plus recherchés n’a (malheureusement) rien d’étonnant : rares sont les gens que je connais qui n’ont jamais été victimes de ce genre de manipulation psychologique. Comme pour plusieurs maux, de savoir l’identifier et y apposer un mot aide à reconnaître ce procédé douteux et à ne plus tomber dans le piège.
« Oui mais là, Ariane, as-tu ‘mettons des exemples concrets ? ».
Gurl. Si j’en ai ? Je pense que j’en possède une collection complète, mais je vais te faire un petit best of, question que tu puisses être capable de réaliser que, peut-être, ça s’applique aussi à quelque chose que tu as vécu ou que tu traverses présentement (je ne te le souhaite pas, remarque).
1. La fréquentation qui tourne au vinaigre
Imagine que la personne que tu fréquentes de manière exclusive (en fait, c’est ce que tu croyais) essaie de te faire croire que la paire de boucles d’oreilles sur sa table de chevet t’appartient… alors que tu sais très bien que ça n’est pas le cas. Et qu’au lieu d’admettre qu’il va voir ailleurs (ou plutôt, qu’on vient le voir chez lui), il te traite de folle hystérique et essaie de te convaincre qu’il s’agit bel et bien de TES boucles d’oreilles. Qu’il entre dans une rage monstre parce qu’il te trouve « tellement conne » de ne pas reconnaître « tes propres bijoux » et de « t’inventer des histoires ».
Le fait de te faire douter de ta propre santé mentale est une technique souvent utilisée par les gaslighters.
2. Le proprio qui nourrit ton anxiété
Imagine que tu réclames à ton ancien proprio les frais de déménagement post-éviction qu’il te doit, et qu’au lieu de te les rembourser, il te répond avec plusieurs jours de retard que tu es dans le tord parce que t’as pas sablé les planchers et repeint les murs (qui sont restés blancs…) avant de repartir (chose qu’il mentionne pour la première fois et qu’il n’a pas mentionné dans l’appartement vide de meuble avant le départ). Le fait de retourner la faute contre la personne qui t’accuse est un classique du gaslighting.
3. La patronne de mauvaise foi
Imagine qu’à ton travail, tu acceptes toujours plus de tâches connexes avec le sourire, mais qu’un moment donné, tu oses demander une hausse de salaire. La patronne se montre ouverte et compréhensive sur le coup, dit qu’elle va y réfléchir, puis, le lendemain, quand tu te présentes au travail, elle t’ignore TOUTE la journée. Tu te rends compte qu’elle a également changé les mots de passe des comptes de réseaux sociaux desquels tu es sensé·e t’occuper. En fin de shift, elle te renvoie sans pré-avis, en stipulant que « n’importe qui pourrait faire (ta) job pour une fraction du salaire »… alors que t’es à peine payé·e plus que le salaire minimum. Te faire douter de tes capacités et te faire sentir facilement remplaçable compte pour du gaslighting.
Je pourrais continuer comme ça longtemps, disons, et c’est bien dommage. Avant, je laissais ce genre de gens m’affecter pendant des MOIS, voire des années. Je me disais que ce devait être moi le problème, comme j’avais l’impression « d’attirer » ces situations. Maintenant, je reconnais plus facilement les red flags et je FUIS (quand c’est possible). Mais comme dans bien des situations de violence physique ou psychologique, fuir n’est parfois pas aussi simple que ça. Ce genre de manipulation mentale nous fait tellement douter de nous, de notre santé mentale, de notre force, que l’on devient englué·es dans une toile collante, et que plus le temps passe, plus on sédimente là. On devient paralysé·es. Et quand on s’échappe enfin, il est terriblement difficile de se sortir de ce pattern mental où l’on se remet toujours en question.
Réapprendre à se faire confiance ET à faire confiance est un travail long et complexe (et qui coûte cher de thérapie).
Mais on peut s’en sortir.
Petit à petit.
Pas à pas.
Lâche pas.
*Source : Office nationale de la langue française.
Merci pour ça! Tellement éducatif. Plusieurs se reconnaîtront malheureusement, mais mettons que ce mot devrait faire partie de mon vocabulaire depuis longtemps. Ha! Ha!. Maintenant, plus aucun foutu briquet ne me détourne de moi, je fuis loin, j’ai un foutu bon détecteur et extincteur! ;)
Ouff! Je t’envoie du doux et plein de câlins de chat pour toute l’énergie émotionnelle que tu as du dépense en écrivant ça Merci d’en parler 🩵