Je ne suis pas toujours à la hauteur de mes propres ambitions, et, même si j’ai déjà vécu plusieurs vies, il me reste une liste à peu près infinie de choses à faire, d’expériences à réaliser, de trucs à essayer, de matières à apprendre.
Voici cette liste non-exhaustive de mes rêves et potentiels projets :
Apprendre l’herboristerie, la mycologie, la poterie, à reconnaître les noms (latins) des plantes et les chants des oiseaux, faire un jardin de plantes médicinales et produire mes propres tisanes, ma propre gamme de produits naturels et bios pour le visage et le corps, écrire des livres, surtout écrire des livres, sans peur de l’échec et sans retenu, juste écrire.
Reprendre le yoga, la méditation, la marche nordique, une routine d’écriture stable, réapprendre à jouer du piano, de la guitare, de la basse, et pourquoi pas, apprendre à jouer de la sitar ou de la harpe, tâter de la nage en eau froide, de la course en forêt, retrouver un semblant de vie sociale, voire communautaire, partir en kayak et en vélo souvent, avoir le teint basané des gens qui passent leur vie au grand air.
Vivre dans une yourte, une mini-maison, un appartement de style scandinave, un duplex avec mes parents, un logement assez grand pour que mon fiancé puisse avoir un piano à queue, vivre en autosuffisance, avoir des animaux que l’on ne mangerait pas mais un immense potager dont on se nourrirait, vivre off grid avec des panneaux solaires et des barils purificateurs d’eau de pluie, avoir une baignoire sur pattes et une douche à l’extérieur et aucun·e voisin·e pour me voir me dénuder.
Laisser pousser mes cheveux aussi longs que Joni Mitchell dans les années 70, laisser mon visage se rider et se tacher sans stresser, laisser mes ongles longs et mes pieds nus, arrêter de m’en faire avec mes vergetures, mes varices, la cellulite, mes petites douleurs, arrêter l’hypocondrie et la paranoïa, enfin juste relaxer, me détendre, devenir une hippie vieillissante super chill.
Ouvrir une bouquinerie, une friperie, un café, un magasin de vinyles, une échoppe de produits naturels et en vrac ou tout plaquer et vivre d’hypothétiques bourses du CALQ, devenir une ermite écrivaine qui rumine ses idées toute la journée, adopter plus de chats, plus de chiens, vouloir tous les sauver, leur donner à tous des noms d’aliments ou de viennoiseries, les aimer.
Pour ça, il me faudrait me lever plus tôt et d’abord bien dormir d’un sommeil réparateur, il me faudrait ne pas travailler, ne pas regarder la télé, ne pas me laisser hypnotiser par mon cellulaire ou mon ordinateur, il me faudrait arrêter de trouver des excuses, arrêter de figer comme une biche devant des phares de char et foncer, faire ce que ça me tente de faire au lieu de répéter des patterns de fuite et d’évitement, je le sais, je le sens, le samsara nous guète tous·tes dans le détour si on ne fait pas d'efforts on s’enlise, il faut faire bien attention que cet enlisement ne devienne pas confortable, c’est là que nous nous perdrons.
C’est étrange, en vieillissant, j’aspire à moins. Moins de projets, moins de contraintes, moins de dépassements de soi. Juste entretenir ce qui est, le mieux possible, tout doucement. La marche en forêt, se bercer sur ma galerie en jasant avec un ami, lire dans le hamac, souper en famille, retrouver le lien avec le temps, le laisser filer len-te-ment, oublier l’heure, la performance ; vivre tout doucement. Peut-être parce qu’il file si vite? Tempus fugit ; plus il fuit, plus je ralentis. Plus je vois tous ces projets s’étaler sur les réseaux, moins je m’en crée, moins j’en ressens le besoin. J’aime être cette biche qui broute tranquille en bordure de l’autoroute, filent les voitures et le gens vers…leur vie, moi, je reste, je rêve de me poser là, placide et contemplative.
«enfin juste relaxer, me détendre, devenir une hippie vieillissante super chill.» Un gros fuck oui à toute cette liste inspirante!