Je me lève le matin (relativement) tôt, me fait couler un café bien corsé et vais m’installer à mon bureau avant même d’avoir déjeuné ou pris une douche. Mon ordinateur est toujours ouvert, une dizaine d’onglets jamais fermés de jour en jour sont répartis entre l’écran de mon Macbook et celui de mon moniteur. Après une longue inspiration profonde, je me lance.
Non.
Je ne travaille pas.
Je me cherche un travail… et croyez-moi, c’est tout comme !
J’ai mon petit rituel de sites web à consulter, que je passe au peigne fin quotidiennement avec une fébrilité maladive : LinkedIn, Isarta, Indeed, le Grenier aux emplois… J’ai également ma banque de mots à rechercher : rédaction, traduction, communications, etc. J’envoie entre 1 et 3 curriculums vitae par matinée, avec lettre de motivation personnalisée méticuleusement agencée au poste convoité. J’estime avoir envoyé mon c.v. au moins 50 fois dans le dernier mois, et j’ai reçu très exactement deux réponses, l’une s’avérant finalement non concluante, et l’autre pour laquelle je suis encore en attente.
Dire que je suis découragée (et très près d’être déprimée) serait un euphémisme.
Endurer un processus d’embauche long et éreintant
Alors que les différentes technologies devraient faciliter l’embauche, obtenir un job équivaut plus souvent qu’autrement à sauter dans des cerceaux en feu pour démontrer notre intérêt. Cette gymnastique de la recherche d’emploi est éreintante et nous laisse lessivé·e, frôlant le burn out avant même d’avoir commencé à travailler.
Pour le genre de poste que je recherche, il faut souvent une pré-entrevue téléphonique (ou l’on nous fait répéter les lignes écrites sur notre c.v. et dans notre lettre de motivation). Ensuite, s’en suivent au moins deux « vraies » entrevues en présentiel ou en virtuel, durant lesquelles on doit se vendre à un paquet de nouvelles personnes et répéter essentiellement les mêmes choses. Le processus prend donc des SEMAINES, et tout ça, bien souvent, pour des postes ensuite « comblés à l’interne ». TOUT LE MONDE y perd du temps et de l’énergie.
Subir le ghosting des entreprises, des chasseur·ses de tête et des r.h.
Il arrive que mes pairs et moi soyons carrément ghosté·es par les entreprises pour lesquelles nous avons postulé après une, deux ou trois étapes d’entrevue·s. Silence radio. Aucune réponse aux courriels ou aux appels. C’est comme si nous n’avions jamais été dans leur mire, comme si nous n’étions pas des êtres humains qui méritons un minimum de considération et d’empathie. Comble de l’ironie, ce sont souvent des compagnies qui mettent l’emphase sur le fait que leur équipe est « comme une famille » dans leurs offres d’emplois. Une famille dysfonctionnelle, peut-être, oui.
Être spécialisée dans un domaine affecté par l’I.A.
Mon domaine, soit celui de la rédaction, est affecté par l’intelligence artificielle. Oui; ces outils peuvent être pratiques pour faciliter notre travail (bien que j’y sois très réticente), mais lorsque je vois des offres d’emplois où le·a rédacteur·rice est en charge d’entraîner l’I.A., et donc, un peu d’aider à l’éventuelle obsolescence de son propre travail, je ne peux m’empêcher de me sentir insultée.
Le fait que l’on mette sur un piédestal l’utilisation de l’I.A. dans les métiers créatifs me sidère. Peut-être suis-je trop vieux jeu pour mon propre champ d’activités, et je sais qu’il faut savoir « être de son temps », mais je valoriserai toujours l’imagination, la créativité et l’originalité avant de prioriser l’utilisation d’outils du genre, qui, en plus, ont une empreinte écologique IMMENSE et des ramifications très peu éthiques.
Vouloir prioriser ses valeurs (malgré tout)
Quel·s choix d’emploi·s est-ce que cela me laisse·nt ? Mon domaine a changé tellement rapidement que je suis incapable d’y voir clair ou de suivre la cadence. Aux dernières nouvelles, il était honteux de voler des idées ou de copier des concepts, mais maintenant, mettre notre cerveau à la retraite prématurément et laisser les « robots » faire notre travail est bien vu ? Je ne peux m’empêcher d’être dégoûtée.
Penser tout plaquer pour se réorienter
Ces dernières semaines, j’envisage sérieusement de me réorienter, même si j’ai ADORÉ être rédactrice et vivre de ma plume. Est-ce que d’ici peu, tous les métiers créatifs seront fusionnés à l’I.A. ? J’ai bien des talents, mais être manuelle n’en est pas un. Devrais-je retourner aux études (et si oui, avec quel argent) ? Quel travail ne risque pas de s’éteindre au profit des machines dans les prochaines années ? C’est terrible de devoir prendre ça en considération en choisissant sa carrière, et peut-être que je m’emballe, mais j’en viens à souhaiter qu’Internet saute et que je puisse rédiger à la dactylo (ou, encore mieux, à la main) des pamphlets et des magazines papier sans avoir peur de perdre mon job si durement trouvé.
On peut toujours rêver.
En attendant, je retourne à ma recherche, ou plutôt à ma QUÊTE d’emploi.
Bonne chance à celleux qui se trouvent dans la même situation que moi.
Je fais une pause carrière pour l'instant, et j'ai été dégoûtée de travailler dans l'informatique en partie à cause de l'IA aussi... Je n'en peux déjà plus du BS à ce propos qu'on se mange à longueur de journée, mais travailler dans un secteur autant impacté par cette mode (oui, c'est une mode pour moi), c'était trop...
Je rêve de vivre de l'écriture depuis bien longueur, mais je pense que encore pire dans ce secteur, je me demande si j'ai raté le coche en ne me lançant pas plus tôt là-dedans, ou si après quelques années d'IA, tout le monde va se rendre compte que tous les travaux de rédaction sont devenus merdiques et que les écrivain·es humain·es qui ont persévéré vont s'arracher comme des petits pains (on peut rêver, non ?).
Bonne chance dans ta recherche