Aujourd’hui, humblement, j’aimerais vous faire profiter de la GRANDE SAGESSE que j’ai acquise à travers les ans, de laquelle j’ai tiré un conseil que j’aimerais répandre comme la Bonne Nouvelle (c’est un weekend pascal, après tout). Ça va comme suit : ce n’est pas parce que tu excelles à quelque chose que tu es obligé·e d’en faire ton gagne-pain.
Ça m’aura pris des années de travail en communications et en rédaction avant de comprendre. Des années recroquevillée devant plusieurs écrans à la fois, illuminée par une lumière bleue blafarde, parfois dans un open space glauque sans fenêtre avec néons grésillants et tapis industriels poussiéreux, parfois dans un lieu épuré et trendy du Mile End, tout de béton, de verre et de plantes, souvent chez moi en télétravail. Mais ma réalité restait sensiblement la même, malgré que les compagnies et l’organisme pour lesquels j’ai travaillés n’avaient pas grand chose en commun et que mes collègues (souvent formidables !) changeaient.
Je suis tombée dans le monde des communications un peu par hasard : ce n’est pas mon domaine d’études (j’ai étudié en littérature), mais j’ai toujours eu beaucoup de facilité à écrire, en anglais comme en français, ce qui est une importante corde à mon arc. Je ne sais même pas comment j’ai commencé à enfiler des contrats, pour finir avec un emploi à temps plein. Puis un autre. Et un autre encore. Je pense que comme j’étais bonne dans ce que je faisais, je me suis dit que c’est ce que je devais faire, et j’étais assez chanceuse pour dénicher des emplois rapidement (je reconnais mon privilège).
Ça m’aura pris deux burn out et un épisode dépressif pour m’arrêter et réfléchir. Mon corps a changé depuis que j’occupe des postes où je suis tenue d’être assise à un bureau 8 heures par jour, de 28 à 40 heures par semaine. Je collectionne les maux de dos, j’ai pris beaucoup de poids, et ma vision, après 12 ans de stabilité, décline maintenant rapidement à chaque année. Mais surtout, de passer autant de temps à rédiger et créer du contenu pour les autres me suce toute mon énergie créative, et je me retrouve vidée à la fin de la semaine, sans aucune envie de créer par passion, pour moi-même.
Lorsque j’étais en télétravail, j’avais la chance d’avoir une pièce dans mon appartement où travailler… mais ce bureau devait aussi, à la base, être celui où j’écrirais des livres. Malheureusement, c’est comme si mon stress avait contaminé les lieux, et je ne pouvais pas me faire à l’idée de m’attabler au même bureau, au même ordinateur, dans la même pièce pour écrire quoique ce soit de créatif et personnel.
Le débalancement n’était pas aussi intense quand je ne prenais que des contrats de quelques heures par semaine on the side, comme pigiste. J’avais alors trouvé un certain équilibre entre mes emplois en service client et mes contrats de pige. Par contre, le stress de devoir insister sans cesse pour me faire payer dans les temps était vraiment nocif. Comme quoi, il n’y a rien de parfait.
Tout récemment, j’ai décidé de faire le move : j’ai quitté mon emploi au sein d’un organisme culturel dont la mission me parlait, avec des collègues que j’adorais, pour retourner travailler en librairie dans mon nouveau village. Oui; mon salaire est diminué, je n’ai plus de bénéfices marginaux ni d’assurances collectives, et c’est un peu sauter sans filet. Oui; en cette période d’incertitudes et d’augmentation du coût de la vie, c’est un gros risque à prendre. Mais je n’avais plus le choix. C’était une question de santé physique ET mentale. Mon corps et ma tête m’envoient des signaux depuis des ANNÉES, que je n’écoute pas parce que je me dis que c’est ce que je « suis censée faire » : avoir un emploi stable, à temps plein, de semaine, de bureau, une « vraie carrière d’adulte ».
Mais à quel prix ? Je ne nie pas que ce genre d’emploi peut convenir à certaines personnes, que je suis peut-être simplement trop fragile ou trop rêveuse. Sauf que tellement de proches vivent des problématiques semblables en attendant leur retraite dans TRENTE ANS que j’ai envie de retirer mes oeillères et de vivre MAINTENANT.
Ça sonne peut-être très naïf ou comme l’introduction d’un livre de développement personnel écrit par un·e coach de vie, mais j’ai envie de te dire que si tu passes par les mêmes questionnements toi aussi, de te rappeler que tu n’es pas un arbre : tu peux bouger si ton environnement n’est plus sain pour toi. Bien sûr, tout le monde a des réalités différentes. Peut-être que tu as une ou des personnes à charge, peut-être que tu as des problématiques de santé. Mais rien ne t’empêche, tranquillement, doucement, d’envisager une réalité où tu serais plus épanoui·e, et d’ensuite faire petit pas par petit pas pour te rendre là. On a juste une vie, etc.
Bonne(s) réflexion(s) !
Je comprends tellement! J'ai occupé plusieurs emplois, dont certains très bien payés mais stressants. Je suis dans une période de doute. Ai-je étudié 7 ans à l'université + AEC au privé pour frôler le salaire minimum comme c'est le cas depuis 3 semaines? Je viens de réussir à rembourser les 70 000$ de dettes d'études...
Je suis fière de toi! J'espérais te voir au SILQ. Nous aurons d'autres occasions. Amuse-toi bien en librairie!
Tu as pris la bonne décision <3 je te souhaite beaucoup de douceur dans cette nouvelle opportunité de t'amuser avec les livres :)